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Le Passage Suspendu de A. Jones

10 mai 2008

Quelques personnages en quête d’auteur réalisent

Passage101107





Quelques personnages en quête d’auteur réalisent ce blog coopératif d’une chronique d’une vie ordinaire.

Des thèmes, divers et variés, sont abordés sans véritable corrélation entre eux, selon l’humeur et les émotions des moments.

Le passage suspendu nous invite à franchir le vide qui nous sépare de ce point bleu au loin où l’horizon semble plus limpide.






PointBleu Billet par A. Jones

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10 mai 2008

To my lovely Camille


CamilleNoir120909



Le temps s'arrêta pleinement et précautionneusement
 
Pas une onde de lumière tant nos corps étaient unis, coulés en une fange boueuse et mouvante

L'argile qui prenait corps de nos chairs figeait à jamais notre étreinte.

Nos âmes se nourrissaient de la fureur de l'inconciliable





PointBleu Billet par A. Jones




10 mai 2008

Equilbre du Yin et du Yan



YinYan_Menthol_141208



Un souffle reposant où se dégage le délicat parfum d'une menthe poivrée dans un ciel bleuté qui vient à peine de naître.

Calme, Harmonie et Pureté

Un cours instant de méditation en attendant la suite des aventures d'Anatole Jones dans un hommage futur à Camille Claudel...



PointBleu Billet par A. Jones




10 mai 2008

The Tale of Small White Stones


Clara050508


Les voiturettes électriques E-Z-GO conduites par d’élégants cuisiniers golfeurs en toque blanche remontaient allègrement les pentes gravillonnées des allées du parc arboré de la Maison de Santé du Cèdre.
Leurs pneus en caoutchouc chassaient des petits cailloux ronds crayeux émettant un son de coquilles d’œufs écrasés.
Les plats cuisinés, préservés sous film alimentaire, étaient amenés de cette façon de la cuisine centrale, située derrière l’accueil, aux offices des différents pavillons de soins où ils étaient maintenus au chaud pour être enfin distribués dans les chambres des malades par des aides soignantes énergiques et aimables.

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Ce dispositif ingénieux de déplacement électrique permettait aux personnels de l’intendance, plusieurs fois par jour, d’éviter de fastidieux va et vient pédestres en empêchant la confusion des mouvements.

La maison de santé se composait d’un pavillon d’accueil dit « Pavillon Emilie » en souvenir d’une belle marquise qui jadis vivait dans cette ancienne « folie » très Régence. Plusieurs autres pavillons disséminés autour du parc, aux noms évocateurs de fleurs, terminaient l’ensemble de cette composition presque florale.

Il s’agissait surtout de bien mémoriser le trajet lorsque, Marjolaine, la secrétaire immuable et intemporelle du Pavillon Emilie, vous indiquait comment rejoindre la chambre de la bellissime Comtesse Belluschi.

- En sortant du pavillon Emilie, Ici vous êtes à l’Accueil… Donc à droite puis à droite de nouveau, après les marches, vous contournez d’abord le bâtiment principal et vous suivez les indications sur les panneaux dans le parc en direction du pavillon « Les Jacinthes », à gauche de « La Cafétéria ». Faites bien attention en sortant d’ici, à la dernière marche en pierre qui est un peu branlante…

Certains erraient pendant de longs moments dans ce magnifique parc verdoyant à la recherche d’un regard bienveillant, en feignant benoîtement de s’intéresser aux anges qui peuplaient le ciel devenu soudain trop chargé d’innocence.

Un parcours initiatique pour les profanes qui, à défaut de comprendre l’intelligence d’un fléchage judicieux de communication, autorisait ainsi, dans la grâce de ce moment de dépit, à ébaucher quelques gestes absurdes devant des panneaux d’un parcours de santé récemment installé.

Dans cette confusion abstraite de signes, le panneau indicatif «Les Jacinthes » doublé en dessous du terme de « ECT » jouxtait non loin le panneau explicatif n° 6 « Asseyez vous en tailleur, la nuque bien droite et Respirez profondément »…

Les mots étant une peinture des choses, l’ensemble de leurs intentions communicantes réussissaient par s’harmoniser douloureusement en un message subliminal…Respiration, Electrochoc puis Odeur de fleur…

Il ne restait plus qu’à prier pour que nos amis, les visiteurs, ne se transforment en un conte macabre pour folies ordinaires.

Les pictogrammes venaient de gagner insidieusement une bataille contre la rigueur primitive, insaisissable et hilarante de l’inconscient.

Marjolaine oubliait, parfois par lassitude, d’indiquer l’essentiel qui était d’éviter la petite plaque ajourée du regard d’eau pluviale dissimulée par les mêmes cailloux ronds crayeux à l’angle du bâtiment.

Cet endroit précis où le regard se pose une dernière fois, interrogateur et dépité, avant que ne surgisse des tréfonds de l’enfer des plaques d’égouts, le doux et sinistre craquement de la malléole d’un courageux humanoïde.

Dans ces moments de pure pénibilité, Marjolaine souriait certainement avec un regard empreint d’une douceur extrême en entendant les hurlements d’indélicatesse d’une grille en fonte martyrisée. Ces lunettes s’embuaient légèrement aux premiers sons purs de la plainte puis ses mains chaudes et humides se dirigeaient maladroitement à l’entrejambe de son tailleur écossais pour une rencontre interdite…

Le Docteur Benjamin Zorn venait de descendre quatre à quatre les marches du somptueux escalier du pavillon pour atterrir subrepticement devant les yeux mi clos de notre secrétaire préférée…

- Qu’il est doux de vous voir sourire comme cela mon enfant…

Ses joues s’empourprèrent de rose pour mieux finir en un rouge carmin plus conforme à son émotion.

- Reprenez vous mon petit, nous avons une admission de plus d’ici à peine un quart d’heure. Je viens d’avoir en ligne un de mes amis, le professeur De Saint Gilles qui souhaite que je m’occupe personnellement de sa fille qui vient de faire une TS…
Faites nous préparer notre meilleure chambre, celle à 300 euros et n’oubliez pas de téléphoner au fleuriste de la gare pour qu’il nous livre un bouquet de glaïeuls blancs. J’adore les glaïeuls blancs et puis commandez en un autre pour ma femme.
Ne dépassez pas cinquante ou soixante euros. Cela suffira bien…

- Pour la Comtesse De Saint Gilles ou bien pour votre femme ?

Le Dr Zorn fit semblant de ne pas entendre. Il poussa cependant un rugissement digne d’un félin blessé en apercevant un attroupement d’infirmières près d’une malheureuse pensionnaire soudainement diminuée de taille.

Il se retourna vers sa secrétaire pour l’apostropher avec tact :

- Vous me faîtes chier grave avec ces plaques d’égouts. Cela fait deux personnes en moins d’une semaine qui portent plainte contre la maison de santé. Faites venir Jeannot immédiatement pour qu’il répare ça sur le champ. J’en ai ras les coucougnettes de voir déambuler mes patientes avec leurs putains de canne anglaise dans les allées de ce parc de chiotte. On va finir par avoir des problèmes avec ces cons de la Sécu. Pour peu qu’un de mes psychiatres tombent lui aussi dans le trou, j’ai plus qu’à fermer la tôle…Merde !

Ben savait parler aux femmes quand il daignait s’abandonner à plus d’humanité.
Ce grand escogriffe courtois et bienveillant au nom prédestiné ne poussait rarement de « gueulante » comme celle à laquelle nous venions d’assister, excepté lorsque sa femme venait lui demander trois francs six sous pour régler une facture de réparation d’une bague de famille chez le joaillier de la gare à côté du fleuriste.

Nous l’appelions Ben affectueusement entre nous. Plus précisément les malades ordinaires et le petit personnel soignant de la maison de santé.
Pour les malades extraordinaires, c’étaient déjà trop tard.

- Tu n’as pas vu Ben par hasard ?
- Si tout à l’heure près de la machine à café avec Clara…
- Si tu le revois, tu lui dis que je suis dans ma chambre aux « Coquelicots » jusqu’à 12 h 30 après je vais chez Roméo boire un déca…
- Hé, Anatole, si tu sors, tu peux me ramener du Forlax de la pharmacie. Il en manque à l’infirmerie.

Nous avions souvent recourt au système D qui se perpétuait de génération en génération de dépressifs chroniques et qui faisait sourire avec tendresse et compassion la jolie pharmacienne de la gare près de chez Roméo.

C’est vrai que les malades passaient leur temps à courir auprès de leur psy et réciproquement comme un fait exprès. Par évidence, il eût été préférable que les consultations s’effectuassent chez Roméo, un resto italien non loin de la maison de santé, dont le bar recevait les patients en addiction au déca allongé de sucrettes d’aspartam…

Clara ruminait de sombres pensées depuis qu’un toxico agressif l’avait traité de « - Vous, avec vos yeux de loutre… ». Je la consolais comme je pouvais en lui faisant remarquer avec douceur que ce malade dyslexique avait un défaut de prononciation et qu’il avait probablement voulu lui dire qu’elle avait des yeux de louve…

Ah ! Clara…La belle et énigmatique sublimissime Comtesse Clara Belluschi aux yeux d’or somptueux et magiques. Son titre venait d’une ancienne famille d’Italie du nord ouest en « Region Piemont » près du Val Grande. Je l’avais surnommé Comtesse Kissia, car, lorsque je la réveillais de ces nombreuses torpeurs dues au « shoot » des anxiolytiques, elle sursautait de sa chaise longue, le figaro Madame encore posée sur sa poitrine, en me demandant toujours d’un air affolé :

- Anatole, qu’est-ce qu’il y a ?

Ce murmure à peine audible fruitait dans sa bouche comme un liquide suave, sucré et sensuel …Kissia, kissia, kissia.

- Anatole, rends moi mon chausson s’il te plait…

J’en profitais à chaque fois pour lui dérober son escarpin doré que j’exposais comme un trophée sur la plus haute planche de la bibliothèque de ma chambre avant qu’une infirmière ne le lui rende en mon absence.

C’était cette subtile différence qui faisait d’elle une comtesse piémontaise et de moi un simple marin en goguette voleur d’escarpin. Entre un chausson doré et un escarpin de chez Prada.

Mon fétichisme était à ce prix. Et quelle beauté de la voir déambuler pieds nus, ses ongles faits à la perfection d’un vernis rose nacré sur les pavés de granit du sol de la cafétéria.

Mon plaisir esthétique fut de courte durée lorsque j’apprenais que Clara était tombée malencontreusement dans le disjointement sadique de la plaque du regard d’égout.

Elle était toujours aussi « classe », un pied chaussé en Converse de cuir noir et l’autre dans un plâtre vert olive de chez Antoine Béclère, son bras droit surmontant une canne anglaise métallisée rose fuchsia.

- Tu vois Anatole, les Anges sont bien innocents ces temps ci pour m’avoir oubliée.

Elle m’avait finalement confié ses deux escarpins comme un gage de bonne conduite et je lui faisais la promesse de les lui remettre dès son autorisation de poser le pied à terre.

Elle ne se départait jamais de son humour tendre et de son bon sens atavique bien qu’une force extérieure favorisait certaines répétitions catastrophiques en donnant une autre couleur aux évènements.

Clara savait qu’il existait une destinée contraire à la logique d’une dite « névrose de destinée » sur laquelle semblait l’amener le jeune psychiatre qui s’occupait d’elle.
Existait-il une sorte d’appétence pour que Clara recherche de tels évènements ?
Ou bien transformait-elle en expériences douloureuses des évènements qui auraient pu être vécus d’une toute autre façon ?

- Cher Docteur Gauer, il aurait simplement fallu disposer d’un pot de fleurs afin de dissimuler cette « saloperie d’enc…» de plaque d’égout, comme le dit si magistralement, dans son langage édulcoré, votre charmant Directeur…

- Chère Madame, je l’entends bien, mais cela fait quand même deux fois cette année que vous martyrisez votre cheville en vous tordant le pied sur une grille de plaque d’égout.

- Cher Docteur Gauer, je vous entends aussi très bien, mais il s’agit de l’autre cheville, et bien heureusement, pas de la même plaque d’égout ! Et puis cela s’est passé cet été, chez maman dans notre maison familiale, où d’ailleurs, il n’y a jamais eu de plaque d’égout mais juste un avaloir sur lequel, semble t-il, des gamins se seraient amusés à le dissimuler avec une toile de jute recouverte de…

A ce moment précis, Clara ressentit comme une caresse froide et irréelle le long de ses reins majestueusement cambrés. Son émotion contenue, elle sortit de la poche soyeuse de son manteau en zibeline cendrée un étui de rouge Dior n° 264 pour déposer une fine couche de crème rose hollywood. Ce rituel se terminait par un claquement léger et sec de ses lèvres pour parfaire son geste de maquillage et signifier la fin de l’entretien.

Monsieur Jean chargeait avec énervement la benne d’une des voiturettes électriques en pestant contre les deux années théoriques qu’il lui restait avant de se la couler douce au bord d’une Charente plus accueillante.

Jeannot était aussi blanc que sa combinaison, retirant la sueur qui perlait de son front une culpabilité qu’il ne pouvait partager. Il se fit le serment qu’une fois le déchargement des valises effectué, il règlerait son compte à cette garce de grille d’égout.
Les mallettes Vuitton valsaient en s’entrechoquant dans un bruit sourd d’écrasement cartonneux. Jeannot évacuait son stress en imaginant la possibilité qu’un des coins métalliques des plus fines viennent éventrer le ventre des plus grosses.

Dans sa hâte d’arriver avant le fleuriste de la gare, il prit trop rapidement le virage à l’angle du Pavillon Emilie, projetant ainsi une quantité suffisante de gravillons qui participèrent malencontreusement à la dissimulation complète de la grille en fonte du regard d’eau pluviale.

J’assistais impuissant à un phénomène antinomique d’une rare beauté où, les petits cailloux ronds crayeux, au lieu de mourir entre les espaces de la grille comme dans un tamis chinois pour tomber normalement par gravité dans un trou, restaient soudés miraculeusement pour ne plus former qu’un tapis uniformément laiteux et irréprochable.

L’enfer des petits cailloux et l’enfer des plaques d’égout venaient de s’associer pour façonner un piège encore plus diabolique.



Dans cette fin de nuit fraîche et lunaire, un groupe de chouettes hulottes prenaient place aux cimes de marronniers centenaires pour perpétuer une symphonie lugubre et angoissée.

Clara ne pouvait se douter qu’à cet instant, un petit cailloux rond crayeux en forme de cœur d’un diamètre de 0.315 inches allait prendre possession de son rein droit, l’obligeant à sourire de tout son être.

Elle donnait ainsi à son cher psychiatre, la possibilité d’exulter en établissant un cas avéré de compulsion de répétitivité, et de concert, elle offrait aux anges innocents, sa première crise de coliques néphrétiques dans l’envol joyeux d’une aube printanière qui commençait à peine à naitre.




PointBleu Billet par A. Jones



10 mai 2008

Abilify For Ever


OeilNuit250208




Le vaisseau stationnait avec précaution au bord de l' Oeil de Ghark aux confins de la galaxie Priam.
Avec une impatience contenue, nous attendions l'Aspiration à la naissance de ce vortex primaire.
De puissantes vagues d'ondes électromagnétiques devaient surgir dans les heures suivantes.
Quelques autres vaisseaux interstellaires des monarques alchimistes se préparaient aussi au voyage imminent.

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Des vibrations aléatoires s'étaient produites lors de la précédente Combustion et Moya III souffrait probablement de troubles bipolaires transitoires. Le tonus de base des transmissions dopaminergiques ne s'était probablement pas maintenu.

Chrys me suggérait d'alimenter le réservoir principal en aripiprazole concentré afin de déclencher une action inhibitrice sur les récepteurs de son système nerveux central.
Ce traitement de choc chez ce type de Léviathan risquait fort d'augmenter sa libido et de perturber son sommeil en provoquant des insomnies transitoires.

Pilot, sa créature symbiotique, devrait temporiser les effets transitoires en introduisant du theralene solide dans le réacteur secondaire.
Nous arrivions au 24 ème jour du mois et Moya allait entamer une nouvelle période d'ovulation.
Je m'attendais au pire entre cette femelle Léviathan surexcitée et Pilot complètement somnolent...

Nous contemplions avec inquiétude les décharges électriques de plus en plus nombreuses des orages orangés qui se répercutaient sur les cils du Passage Primitif.
L'absence de bruit ne faisait que renforcer l'intensité des chocs infra soniques.

Chrys, qui se trouvait sur la passerelle inférieure, m'appela en vidéo stimulation pour me prévenir de l'arrivée imminente de mon psychiatre.

Toc, Toc, Toc...

J'eus à peine le temps de refermer le capot de mon ordinateur portable, la belle Honorine H. entra dans ma chambre :

- Alors, Anatole, comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Les charmantes petites gouttes de rivotril que je vous ai préconisées pour le soir vous conviennent-elles ?

Évidemment, tout n'était que dose d'humour avec ces psy...Petits cachets rose fluo pour ceci, adorables gouttes au goût de bitume amer pour cela, et enfin, minuscules sachets de forlax pour amuser le transit d'un colon devenu trop laxiste.

- J'ai demandé au personnel d'entretien de vous changer le mobilier un peu trop désuet de votre chambre. Cela donne à présent un petit air colonial, un peu rétro certes, mais il vous permettra plus facilement de refaire surgir à votre conscience des souvenirs agréables de vos voyages passés...

Avec une moue appuyée et ironique, elle souriait en examinant avec attention quelques croquis punaisés sur le mur jaune safran de ma chambre. Une maison de verre lévitait entre le ciel et l'eau. Sa toiture en inox étincelante, aux ailes d’albatros, protégeait une cage de verre en résille d'aluminium naturel patiné. L'ensemble semblait flotter sur un étang fleuri d'iris et de nénuphars pour s'élancer dans un ciel azuré à la recherche d'un endroit pour se poser à nouveau.

- C'est du High Tech, non ? J'ai vu récemment un reportage sur Arte qui montrait les projets d'un architecte australien...Cela ressemble à votre truc, non ?

Je n'avais pas envie d'entamer un débat sur "An Ecological Functionalism" démontrant la finalité de mon travail sans doute «synchrone» aux œuvres de ce grand architecte. Une autre réponse s'imposait, à la fois esthétique et fonctionnelle, répondant à une climatologie qui allait bousculer bientôt nos habitudes de consommateurs angoissés.

- Vous faites toujours des trucs qui sont dans les airs. Ne planez plus ! Pensez à ce que je vous ai dit la dernière fois...Ancrez-vous au sol Anatole et, surtout, arrêtez d'idéaliser les femmes comme cela...Vous vous faites du mal inutilement !

Ces meubles bon marché, lourdement imprégnés de brou de noix, imitaient un rêve tropical inaccessible. Il n'y avait rien de vrai dans ce décor rapporté et confus. Seuls mes souvenirs ravivaient ces morceaux du réel.

La lumière se faisait pas à pas dans mes pensées embrumées et récurrentes.

Je me façonnais en moi même en creusant un passage protecteur.

Je m'évadais soudainement vers cette journée magique et ensoleillée d'un précédent mois de février où, sur la pirogue de ma belle Calisca, nous rêvions ensemble d'un lendemain encore plus enchanteur.
Nous étions amarrés avec précaution à un vieux ponton en tatajuba dans une minuscule crique à peine ouverte dans la mangrove sur un bras de la rivière Marosa. Un groupe d’enfants s’ébattaient bruyamment dans l’eau tiède et boueuse en poussant devant eux des jacinthes d’eau.

Ses doigts longs et délicats, aux ongles impeccablement peints d'un rouge vermillon, détachaient un riz Basmati fumant sur une feuille de banane vert tendre. Un colombo de poissons fraichement pêchés mijotait dans une marmite noircie au feu de bois.

Sa tête reposait avec légèreté au creux de mon épaule. Nous nous murmurions des mots aussi doux que le vent chaud qui venait de se lever. Des orchidées sauvages agrafées sur des arbres majestueux éclairaient la forêt sombre et humide.

Je savais que ce passage, que je créais chaque moment, entre l'espace et l'océan, me ramènerait un jour, rempli d'humanité et marqué d'un indicible sourire, vers ma douce et sensuelle Calisca.

Elle était mon âme indienne de ces eaux jaunes chargées d'or de la forêt d'émeraude.


* " Abilify For Ever " emprunte quelques personnages à la série culte et géniale " Farscape ". Cette série télévisée australienne créée par Rockne S. O' Bannon fut diffusée en France dès octobre 2000 sur Série Club



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PointBleu Billet par A. Jones




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10 mai 2008

Wave to The Soul


Vague010108



Ce vague à l'âme qui ne veut m'engloutir

Dessine l'océan d'une onde vers une rive indicible

Fines écumes aux murmures qui s'enfuient

Où les âmes déchirées ne se retrouvent jamais




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PointBleu Billet par A. Jones




10 mai 2008

Ice Strange Word


GlaceStrangeWord181107


Une respiration douce et profonde dans cette nuit précise et froide m’amena à descendre vers mes émotions les plus tendres.

Je songeais à elle imprégné encore de sa substance pâle de gelée abricotée.
J’étais allongé et détendu sur mon lit monastique.
Une brume violette légèrement colorée aux senteurs de musc et de pain d’épices envahissait progressivement cet espace de méditation.
Ma tête était légèrement penchée vers la gauche.

Face à moi sur le mur blanc laiteux de ma cellule, Chrys d’Atlante m’est apparue dans une robe bleutée de glace imprégnée d’objets cosmiques orangées, sons clairs et magnétiques, simples et vertigineux.

Elle m’invitait à la comprendre.




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PointBleu Billet par A. Jones




10 mai 2008

Le vaisseau Moya III


vaisseau151107


Quelques temps auparavant, j’attendais sur le quai n° 7 de la gare Paris Montparnasse l’arrivée de cet être hybride et vibratoire. J’avais perdu la notion du temps et de l’espace car je n’étais plus ancré au sol de ce quai granitique mais légèrement au-dessus lévitant de quelques centimètres à peine. Mon regard était d’un flou hypnotique. L’intérieur de ma gorge était en feu. La lave rouge de mon cœur s’était soudainement réveillée d’un interminable repos en enfer.

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C’est à peu près dans cet état que quelques cheminots goguenards et complices me trouvèrent avant de me remettre au SAMU psychiatrique, encore flottant dans les airs, proche de la désincarnation.

Quelques somnifères et anxiolytiques appropriés eurent raison de mon état fébrile et agité. Jean et Marie Ségolène, mes amis de toujours, usèrent de leurs charmes et de leur connaissance pour me faire transférer dans une clinique réputée de la banlieue sud.
Je fus reçu par une charmante psychiatre à l’allure chic et étudiée, une beauté longiligne, blonde et froide, qui ne demandait qu’à se réveiller au contact des mains calleuses d’un marin en déperdition.
Le docteur Honorine H.  m’emmena dans ma chambre et m’aida à ranger mes affaires tout en me présentant les activités du groupe paramédical. Je restais assis sur le bord de mon petit lit en contemplant avec amusement ses mains longues et fines qui tentaient d’appareiller mes chaussettes aux motifs disparates…

Son dépit fut de courte durée lorsqu’elle me dit d’un air contrarié que les bouilloires électriques étaient interdites au sein de l’établissement pour des raisons de sécurité.

- Vous comprenez que cela risque de faire sauter les plombs et de nous mettre dans le noir complet…
- Mais Docteur, il s’agit d’une bouilloire homologuée NF et je ne peux me passer de mes infusions saveur du soir, délire nocturne et autre sommeil oranger…
- On fera comme si elle n’existait pas. D’ailleurs elle n’a jamais existé que dans votre imagination. On est d’accord ?

Ceci me convenait très bien. J’étais vraiment attaché à ce rite du soir qui me permettait de mettre à plat mes idées avant d’envisager un endormissement que je voulais naturel.

- Anatole, vous souffrez de troubles psychotiques aigus et probablement transitoires dus à des évènements stressants survenus quelque semaine avant votre crise mystique délirante…

Je la regardais avec tendresse en compatissant devant la difficulté qu’éprouve un médecin à annoncer à son patient un diagnostic un tant soit peu sévère.

- Vous avez toujours ces troubles hallucinatoires et ces sortes d’acouphènes ?

- Oui, les sons sont toujours présents mais plus doux et moins synthétiques…
Quant aux délires mystiques, il s’agit plus de voyages spatiaux temporels dans le continuum espace temps que d’une rencontre avec la vierge Marie…

Visiblement agacée par mes propos délirants et m'en foutistes, elle me répondit sèchement en fronçant ses magnifiques yeux bleus :

- Continuez comme cela et je vous promets de vous garder encore quelques longues semaines de plus. En attendant je vais vous mettre sous antidépresseur imipraminique puis sous depakote…C’est un régulateur d’humeur qui vous permettra de stabiliser votre phase maniaque afin de vous permettre d’être plus zen…

Elle avait parfaitement compris mon humour décalé qui consistait à protéger cet irrésistible désir de rejoindre les espaces inter sidéraux. J’attendais avec une impatience contenue la fin de notre entretien pour me précipiter sur mon ordinateur portable.

Je devais avant la nuit terminer les plans d’un vaisseau organique bio mécanique Moya III en espérant que la Combustion me permettrait avant l’aube de voyager à une vitesse hallucinante dans l’hyper espace.

Mes câlins cosmiques avec Chrys d’Atlante sont ma raison de vivre et d’espérer contre ma déficiente libido terrestre…



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PointBleu Billet par A. Jones




10 mai 2008

Atlante Word


StrangeWord



Un ancien mot étrange

Géométrique et calligraphié

Tendre et harmonique

Son retrait de plume

S'intercale de silence

Imprégné d'une couleur orangée

Espace sans fin où l'horizon n'est plus




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Mars250307_013 Billet par A. Jones




10 mai 2008

No Ordinary Love

plage


Mon corps n’était pas encore habitué aux eaux froides de cette Bretagne mythique qui m’avait tant manqué. J’avais préparé mon matériel de plongée avec l’espoir d’aller taquiner quelques jolis bars. Je m’aspergeais délicatement de cette substance liquide et salée afin de préparer ma peau à cette rencontre symbolique et sensuelle.

Je ne sais encore pourquoi j’abandonnais ce rituel magique et douloureux.
Je retournais vers ma serviette que j’avais étendu non loin entre deux rochers en prévision de mon retour glacial.

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Je pensais à ma vieille coquille de noix qui m’attendait en cale sèche afin que j’effectue une réparation de fortune. Quelques semaines auparavant, lors d’une nuit sans lune où je m’étais assoupi, un bruit sourd de noix de coco pourrie m’avait rappelé que l’océan pouvait être habité par des êtres perfides.

Une antique couverture grise en coton à bande rouge que l’armée m’avait laissé en guise de compagnon d’infortune me permit de mettre au chaud.

Je songeais à cette femme souriante aux reins cambrés et à la peau soyeuse que j’avais quitté sans prévenir de mon départ.

La plage était étrangement déserte sans ses huttes de paille au charme désuet et ses pontons à touristes en attente de tentation.

Bora Bora n’était plus dans mon esprit.

L’eau était d’un vert limpide et profond chargée d’iode bienfaitrice.

La force était là, vibratoire et ancrée dans l’épaisseur des rochers sculptés et poncés par les mains des dieux.

Le ciel d’un bleu azuré immaculé permettait au soleil d’exprimer sa volonté d’amour et de puissance.

Une brise marine fraîche et piquante me rappelait que novembre apporterait ses nuages de dépression plombés et métalliques.

Je contemplais l’océan comme un homme en exode à la recherche d’une plénitude.

J’étais tellement absorbé à capter cette étrange odeur mélangée de pain d’épices et d’algues brunes que j’avais à peine remarqué qu’une vague d’émeraude s’était immobilisée dans un silence d’enchantement.

Elle s’approcha de moi en balançant doucement sa lourde chevelure blonde pailletée de minuscules éclats de cristal. Sa peau était recouverte d’une substance transparente d’une pâle couleur abricotée. Un vieux lion de mer s’était transformé à son passage en une statue granitique légèrement épaufrée.Il nous observait, à peine endormi, les paupières collées de larmes séchées, avec toute la sagesse du monde.

Ses petits seins durcissaient sous la caresse du vent.

Une croupe magnifiquement pleine presque dessinée sur une étoffe d’écailles changeantes rappelait son origine humaine.

Elle se glissa sous ma couverture pour mieux se blottir contre mon corps inerte.
De sa voix murmurée à peine audible, son souffle était empli de saveurs de fruits secs et de miel sauvage.

Elle me susurrait délicatement à mon oreille des mots doux emprunts d’une profonde tristesse.

- Anatole, S’il te plaît, apprends moi à devenir infidèle pour que je puisse devenir humaine…

Je la touchais à peine de peur de salir sa beauté immatérielle et magnétique.Ses lèvres ourlées gonflées de désir s’approchèrent des miennes. Elle introduisit sa langue chaude et humide pour m’emmener dans les profondeurs où les émotions ne sont plus qu’insouciance et légèreté.

L’air se remit à vibrer soudainement. Une vague d’écume de mer se figea de nouveau. Elle se dirigea en elle avec toute la grâce que seule les sirènes savent dompter. Elle se retourna vers moi une dernière fois. Des larmes de nacre d’ormeaux coulaient de ses yeux saphir.

- Anatole, mon amour, apprends moi à devenir humaine afin que je puisse nous sauver tous les deux…

Le monde des Atlantes l’attendait avec son incertitude et ses règles strictes.

Mon ventre me faisait atrocement souffrir comme une brûlure naissante.

Elle avait esquissé au milieu de ma poitrine des chiffres et des mots bizarres en langue inconnue. J’ai cru reconnaître un plan de gare avec des horaires de train en provenance de Nantes.

Depuis quelques jours, j’attends sur le quai improbable d’une gare bien réelle la venue impossible d’un amour immatériel en me demandant si les sirènes ont besoin de marcher pour devenir humaine?





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PointBleu Billet par A. Jones




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