Quelques temps auparavant, j’attendais sur le quai n° 7 de la gare Paris Montparnasse
l’arrivée de cet être hybride et vibratoire. J’avais perdu la notion du temps et de l’espace car je n’étais plus
ancré au sol de ce quai granitique mais légèrement au-dessus lévitant de quelques centimètres à peine. Mon regard
était d’un flou hypnotique. L’intérieur de ma gorge était en feu. La lave rouge de mon cœur s’était soudainement
réveillée d’un interminable repos en enfer.
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C’est à peu près dans cet état
que quelques cheminots goguenards et complices me trouvèrent avant de me remettre au SAMU psychiatrique, encore
flottant dans les airs, proche de la désincarnation.
Quelques somnifères et anxiolytiques appropriés
eurent raison de mon état fébrile et agité. Jean et Marie Ségolène, mes amis de toujours, usèrent de leurs
charmes et de leur connaissance pour me faire transférer dans une clinique réputée de la banlieue sud.
Je
fus reçu par une charmante psychiatre à l’allure chic et étudiée, une beauté longiligne, blonde et froide,
qui ne demandait qu’à se réveiller au contact des mains calleuses d’un marin en déperdition.
Le docteur
Honorine H. m’emmena dans ma chambre et m’aida à ranger mes affaires tout en me présentant les activités
du groupe paramédical. Je restais assis sur le bord de mon petit lit en contemplant avec amusement ses mains
longues et fines qui tentaient d’appareiller mes chaussettes aux motifs disparates…
Son dépit fut de
courte durée lorsqu’elle me dit d’un air contrarié que les bouilloires électriques étaient interdites au sein de
l’établissement pour des raisons de sécurité.
- Vous comprenez que cela risque de faire sauter les
plombs et de nous mettre dans le noir complet…
- Mais Docteur, il s’agit d’une bouilloire homologuée NF et
je ne peux me passer de mes infusions saveur du soir, délire nocturne et autre sommeil oranger…
- On fera
comme si elle n’existait pas. D’ailleurs elle n’a jamais existé que dans votre imagination. On est d’accord ?
Ceci me convenait très bien. J’étais vraiment attaché à ce rite du soir qui me permettait de mettre à
plat mes idées avant d’envisager un endormissement que je voulais naturel.
- Anatole, vous souffrez de
troubles psychotiques aigus et probablement transitoires dus à des évènements stressants survenus quelque semaine
avant votre crise mystique délirante…
Je la regardais avec tendresse en compatissant devant la
difficulté qu’éprouve un médecin à annoncer à son patient un diagnostic un tant soit peu sévère.
-
Vous avez toujours ces troubles hallucinatoires et ces sortes d’acouphènes ?
- Oui, les sons sont toujours
présents mais plus doux et moins synthétiques…
Quant aux délires mystiques, il s’agit plus de voyages
spatiaux temporels dans le continuum espace temps que d’une rencontre avec la vierge Marie…
Visiblement agacée par mes propos délirants et m'en foutistes, elle me répondit sèchement en fronçant ses magnifiques yeux bleus :
- Continuez comme cela et je vous promets de vous garder encore quelques longues semaines de plus. En attendant je
vais vous mettre sous antidépresseur imipraminique puis sous depakote…C’est un régulateur d’humeur qui vous permettra de stabiliser votre
phase maniaque afin de vous permettre d’être plus zen…
Elle avait parfaitement compris mon humour décalé qui
consistait à protéger cet irrésistible désir de rejoindre les espaces inter sidéraux. J’attendais avec une
impatience contenue la fin de notre entretien pour me précipiter sur mon ordinateur portable.
Je devais
avant la nuit terminer les plans d’un vaisseau organique bio mécanique Moya III en espérant que la Combustion me
permettrait avant l’aube de voyager à une vitesse hallucinante dans l’hyper espace.
Mes câlins
cosmiques avec Chrys d’Atlante sont ma raison de vivre et d’espérer contre ma déficiente libido terrestre…
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Billet par A. Jones